Comment le vapotage peut-il aider les bactéries responsables de la pneumonie à envahir les voies respiratoires ?

Comment le vapotage peut-il aider les bactéries responsables de la pneumonie à envahir les voies respiratoires ?

Face aux nombreux dangers et risques de la cigarette traditionnelle sur la santé, une alternative semble avoir été trouvée : la cigarette électronique. Présente sur le marché depuis quelque temps, l’e-cigarette ou cigarette électronique est l’accessoire qui permet de fumer sainement. Ce qui n’est pas totalement faux.

La cigarette électronique est une nouvelle technologie qui permet effectivement d’inhaler la fumée et d’ingérer de la nicotine à l’abri du côté pervers du tabac. Mais peut-on donner un blanc-seing à l’e-cigarette ? Dans l’absolu, non !

Plusieurs études démontrent qu’il existerait un lien entre le vapotage et le développement de certaines affections pulmonaires. Le vapotage peut aider les bactéries responsables de la pneumonie à envahir les voies respiratoires.

Que sait-on des bactéries responsables de la pneumonie ?

Dans des cas rares, la pneumonie peut être causée par un gaz irritant. La plupart du temps, elle est due à des micro-organismes infectieux, à savoir les champignons microscopiques, les mycoplasmes, les virus et surtout les bactéries.

Relativement aux bactéries, plusieurs peuvent être à l’origine d’une pneumonie.

On peut citer :

  • Legionella pneumophila (les légionelles) qui sont à l’origine de la pneumonie appelée légionellose ;
  • Chlamydia pneumoniae qui se transmet par les oiseaux ;
  • Mycoplasma pneumoniae qui est une bactérie particulière touchant les enfants dès l’âge de 5 ans ;
  • L’Hemophilus influenzae de type B ;
  • Staphylocoque doré (Staphylocoque aureus) ;
  • le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae).

 

Ces deux dernières (pneumocoque et staphylocoque doré) sont celles que l’on rencontre fréquemment pour les cas des fumeurs dont les voies respiratoires sont affectées. Elles peuvent être mises en branle suite à un vapotage.

Le pneumocoque est une bactérie généralement présente dans la gorge sans provoquer une maladie. Mis dans certaines conditions (exposition aux fumées ou vapeurs), la bactérie peut effectivement participer d’une manière ou une autre à une infection pulmonaire.

Quant au Staphylocoque doré (Staphylocoque aureus), il fait partie des multiples souches microbiennes présentes ordinairement dans les parties humides de notre corps. Les staphylocoques dorés vivent ainsi sur nos mains, sous nos aisselles et dans les narines.

Comme tout microbe à la base inoffensif, ils peuvent toutefois causer des infections. Lorsqu’ils deviennent résistants aux antibiotiques, on parle de MRSA (Meticilin Resistent Staphylococ Aureus) ou plus vulgairement de superbugs.

Maintenant que nous en savons un peu plus sur ces bactéries responsables de pneumonie, voyons dans quelle mesure celles-ci peuvent agir sur les voies pulmonaires.

Le vapotage rendrait les voies aériennes plus vulnérables aux pneumocoques

Le vapotage peut aider effectivement une adhésion plus facile des pneumocoques aux cellules des voies respiratoires. Et une fois greffées en grand nombre aux cellules des voies aériennes supérieures, le vapoteur s’expose à une pneumonie. C’est le résultat d’une étude menée à la Queen Mary Univertsity of London.

Dans un article paru au European Respiratory Journal suite à cette étude, les chercheurs de cette université britannique s’attellent à montrer comment la vapeur de la cigarette électronique peut augmenter les risques de pneumonie.

Au même titre que les vapeurs de soudage et la fumée de la cigarette classique. Ils ont réalisé des tests in vivo et in vitro aussi bien sur des souris que sur un échantillon d’hommes.

Concrètement, le récepteur du facteur activant les plaquettes (RFAP) est une molécule que nos cellules épithéliales nasales produisent. Cette molécule a la particularité de favoriser une adhésion massive des pneumocoques.

En exposant les cellules nasales humaines à la vapeur de la cigarette électronique (avec ou sans nicotine), l’étude découvre que ces cellules vont produire le triple de RFAP que produisent les cellules non exposées.

Une fois que ces cellules, exposées à la vapeur de la cigarette électronique, entrent en contact avec les pneumocoques, leur niveau d’adhésion est doublé.

Par la même occasion, l’étude a permis d’observer des variations de niveau de RFAP chez les vapoteurs. Après une séance de vapotage, les chercheurs ont observé que le niveau de RFAP triple chez chaque vapoteur sans persister dans le temps.

Les chercheurs ont également démontré comment, en présence du CV3988 (l’inhibiteur de RFAP), les pneumocoques peinent à adhérer aux cellules.

Cela vient du fait que la vapeur de l’e-cigarette rend les voies aériennes supérieures vulnérables aux pneumocoques. Étant exposées à la bactérie, les voies respiratoires du vapoteur peuvent être envahies et augmenter les risques d’infection pulmonaire.

Le vapotage rendrait les voies aériennes plus vulnérables aux pneumocoques

Le vapotage renforcerait la résistance des Staphylocoques aureus une fois dans les poumons.

D’après une étude menée à l’université de Californie à San Diego, la vapeur de la cigarette électronique rend le staphylocoque doré difficile à neutraliser. Cette vapeur limite le système immunitaire de l’Homme à combattre l’infection et donc expose les poumons à un envahissement.

Les staphylocoques dorés sont résistants à plusieurs antibiotiques, ce qui les rend dangereux. L’étude de l’université de San Diego analysait l’action de la vapeur de l’ e-cigarette sur le staphylocoque en questionnant plusieurs éléments.

Ces éléments sont :

  • la charge de surface ;
  • sensibilité aux espèces réactives de l’oxygène (ROS) ;
  • le taux de croissance ;
  • la formation de biofilm ;
  • l’hydrophobie.

Parmi ces éléments, deux ont été retenus comme facteurs principaux qui contribuent à augmenter la virulence des staphylocoques dorés. Il s’agit de la formation de biofilm et l’altération de la charge de surface.

Cette augmentation de la virulence du staphylocoque doré est intimement liée au changement rapide de potentiel d’hydrogène (pH) que la vapeur de cigarette électronique induit lorsqu’on vapote.

L’étude démontre que ce potentiel passe de 7,4 à 8,4 après vapotage. Cela crée un environnement hyper basique pour les cellules bactériennes et mammifères.

Face à cette situation d’alcalose, les cellules sont stressées et voient leur mécanisme de défense activé automatiquement. Dans cette configuration, les bactéries responsables de pneumonie essaient de se protéger de l’action des cellules immunitaires. Elles font activer la charge positive de leur surface qui obstrue leur liaison par les peptides antimicrobiens mortels lâchés par les cellules immunitaires.

Les staphylocoques dorés constituent des biofilms assez épais pour renforcer leur rigidité afin de réduire continuellement leur vulnérabilité à toute sorte d’attaque. L’ensemble de ces mécanismes consécutifs au vapotage rendent les staphylocoques plus virulents. Ils ont ainsi l’occasion de se répandre rapidement dans les voies respiratoires.

Le vapotage renforcerait la résistance des Staphylocoques aureus une fois dans les poumons.

Vapotage et pneumonie : qu’en pensent les spécialistes ?

Les pneumologues et autres spécialistes de la santé mettent en permanence sur la table les dangers de la cigarette électronique. S’il est un point sur lequel ils sont quasiment d’accord, c’est que vapoter une e-cigarette est bien moins dangereux pour la santé que fumer une cigarette classique.

D’après eux, la vapeur de la cigarette électronique est à plus de 90 % moins nocive que la fumée du tabac.

Le point de désaccord entre les spécialistes, c’est bien évidemment celui de l’innocuité totale de cette vapeur sur la santé pulmonaire du vapoteur. De plus en plus d’études, à l’instar de celles évoquées plus haut, démontrent comment la vapeur de la cigarette électronique peut agir sur les bactéries responsables des pneumonies.

Qu’il s’agisse des pneumocoques ou des staphylocoques dorés, la vapeur inhalée grâce à cet appareil électronique favorise soit leur adhésion aux cellules respiratoires, soit le renforcement de leur virulence aux attaques du système immunitaire.

Bien que cela soit moins nocif que la cigarette classique, vapoter (un liquide avec ou sans nicotine), n’est pas sans risques. Cela peut favoriser le développement des bactéries dans les voies respiratoires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *